La copropriété est une forme particulière de propriété collective très courante en France. Elle concerne principalement les immeubles d’habitation, mais aussi certains ensembles de bureaux ou de commerces. Comprendre ce régime est essentiel pour quiconque achète, loue ou gère un logement en immeuble collectif.

Définition et principes généraux
La copropriété désigne un immeuble (ou un groupe d’immeubles) appartenant à plusieurs personnes, appelées copropriétaires, qui détiennent chacun :
- Une partie privative : un espace qui leur appartient exclusivement, comme un appartement, une cave, un garage, ou un local commercial ;
- Une quote-part des parties communes : ce sont les éléments de l’immeuble affectés à l’usage de tous ou de plusieurs (exemples : toiture, escalier, ascenseur, couloirs, jardin…).
Ce régime est strictement encadré par la loi du 10 juillet 1965 et le décret du 17 mars 1967, actualisés régulièrement pour répondre aux évolutions sociales, environnementales et techniques. Dès qu’un immeuble est divisé entre au moins deux propriétaires avec des parties communes, le régime de copropriété s’applique automatiquement, même en l’absence de formalisation initiale.
Les organes de gestion de la copropriété
La gestion d’une copropriété repose sur trois acteurs clés, chacun ayant des rôles bien définis.
a. Le syndicat des copropriétaires
Il s’agit de l’ensemble des copropriétaires, qui forment une entité juridique. Le syndicat prend les décisions stratégiques liées à la vie de l’immeuble, notamment en assemblée générale :
- Approbation des comptes et du budget,
- Lancement de travaux (ravalement, mise aux normes, isolation…),
- Nomination ou révocation du syndic.
Le syndicat est responsable collectivement de la conservation de l’immeuble et peut engager sa responsabilité en cas de négligence.
b. Le syndic de copropriété
Le syndic assure la gestion administrative, technique et financière de l’immeuble. Ses principales missions sont :
- Organiser les assemblées générales,
- Tenir la comptabilité,
- Assurer le bon entretien de l’immeuble (contrats de nettoyage, ascenseur, chauffage…),
- Représenter le syndicat auprès des tiers (justice, entreprises, assurance…).
Types de syndics :
- Professionnel : entreprise ou cabinet mandaté,
- Non professionnel (bénévole) : souvent un copropriétaire motivé,
- Syndic coopératif : forme collégiale gérée directement par un conseil syndical renforcé.
c. Le conseil syndical
Composé de copropriétaires élus en assemblée générale, le conseil syndical joue un rôle consultatif et de contrôle. Il :
- Fait le lien entre le syndic et les copropriétaires,
- Contrôle la gestion financière et technique,
- Prépare les questions soumises à l’AG.
Bien qu’il n’ait pas de pouvoir décisionnel direct, son avis est souvent déterminant dans le fonctionnement harmonieux de la copropriété.
L’assemblée générale (AG)
L’AG des copropriétaires est l’instance décisionnelle. Tous les copropriétaires y sont convoqués au moins une fois par an.
L’assemblée vote sur :
- Le budget prévisionnel et l’approbation des comptes annuels,
- Les travaux à réaliser (entretien, mise aux normes, embellissements…),
- La désignation du syndic,
- Les litiges éventuels ou modifications du règlement.
Les décisions sont prises selon différents types de majorités (loi de 1965) :
- Majorité simple (article 24) : pour les actes de gestion courante,
- Majorité absolue (article 25) : pour des décisions plus engageantes,
- Double majorité (article 26) : pour les actes importants,
- Unanimité : pour certaines modifications majeures (ex. : changement de destination des parties communes).
Les charges de copropriété
Les copropriétaires participent aux frais d’entretien et de fonctionnement de l’immeuble. On distingue :
- Les charges générales : assurent l’entretien des parties communes (nettoyage, éclairage, assurance, sécurité…),
- Les charges spéciales : concernent les équipements communs spécifiques comme le chauffage collectif, l’ascenseur ou la vidéosurveillance.
Ces charges sont réparties en fonction de la quote-part détenue par chaque lot (souvent exprimée en millièmes), précisée dans le règlement de copropriété.

Le règlement de copropriété
Le règlement de copropriété est un document fondamental, à la fois juridique et contractuel. Il :
- Définit les limites entre parties privatives et communes,
- Fixe les règles de fonctionnement et de vie collective (bruits, animaux, usage des balcons…),
- Détaille la répartition des charges entre copropriétaires,
- Précise les droits et obligations de chacun.
Ce document s’impose à tous, y compris les locataires. Il est annexé à tout acte de vente et peut être modifié en assemblée générale sous conditions de majorité.
Enjeux et bonnes pratiques
Pourquoi bien comprendre la copropriété ?
- Pour éviter les litiges,
- Pour participer activement à la vie collective,
- Pour anticiper les travaux et maîtriser les coûts.
Bonnes pratiques pour un copropriétaire :
- Lire attentivement le règlement et les procès-verbaux d’AG,
- S’impliquer dans le conseil syndical ou assister aux AG,
- Payer ses charges en temps voulu,
- Signaler rapidement tout problème (fuite, panne, incivilité…).
Conclusion
La copropriété est un mode d’organisation qui repose sur la solidarité et la responsabilité collective. Bien que parfois perçue comme complexe, elle permet de gérer efficacement des biens communs et de garantir un cadre de vie harmonieux… à condition que chaque copropriétaire joue son rôle.